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L’écho des marchés – Novembre 2022

Emmanuel Domange

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L’écho des marchés – novembre 2022

 

Patience…

Les marchés ont rebondi au mois d’octobre permettant aux indices boursiers de s’éloigner quelque peu de leurs récents points bas. Mais nous pensons qu’il s’agit là essentiellement d’un rebond technique. Car aucun fondamentaux économique ou géopolitique n’a connu de changement significatif. Si les résultats des entreprises au 3ème trimestre ont été plutôt rassurants (à l’exception des valeurs technologiques américaines), l’inflation est toujours là et la situation géopolitique est loin d’être résolue. Nous sommes dans une période structurellement baissière, même si quelques facteurs positifs pointent à l’horizon et pourraient nous éviter une récession trop sévère.

Pas de pivot pour la Fed

Très attendue par les investisseurs, la dernière réunion de politique monétaire de la Federal Reserve n’a pas apporté le soutien désiré. Les espoirs portaient sur un éventuel « pivot » de la Fed, c’est-à-dire un revirement de sa politique monétaire, avec l’annonce d’une fin prochaine du cycle de hausse des taux. Mais son président Jerome Powell a délivré le message inverse. Il redoute que l’inflation s’installe durablement dans la psychologie des ménages et va donc continuer à remonter les taux, quitte à aller trop loin. Les futures hausses seront probablement plus modérées, mais elles pourraient être nombreuses et nous conduire à un taux terminal supérieur à 5% courant 2023, ce qui risque de peser sur les valorisations des actifs financiers.

Mais peut-être quelques bonnes nouvelles en perspective…

Tout d’abord en Chine, où la réélection de Xi Jinping a peut-être changé la donne. Depuis cet événement, le discours officiel envisage un assouplissement de la politique zéro covid. Cette politique, dramatique humainement, avait également de nombreuses répercussions économiques, notamment sur les chaînes d’approvisionnement. Un assouplissement pourrait redonner un peu de vigueur à la croissance mondiale, à un moment où elle en aura grandement besoin. 

La seconde bonne surprise est la nomination du numéro deux du régime : Li Qiang. Fidèle collaborateur de Xi Jinping depuis des années, il a néanmoins la réputation d’être un pragmatique pro-entreprise et pro-innovation. Il pourrait tempérer l’idéologie néo-maoiste de Xi Jinping et ainsi maintenir la Chine au cœur de la compétition mondiale.

En Ukraine, des rumeurs de négociations émergent. Les Etats-Unis, qui sont pratiquement les seuls à pouvoir arrêter cette guerre, laissent fuiter quelques informations en ce sens. Il faudrait évidemment beaucoup de temps avant une réelle pacification de la situation, mais les récentes retraites russes vers des positions plus faciles à défendre pourraient valider ce scénario. La division de l’opinion publique américaine pourrait également accélérer le processus et « inciter » l’Ukraine à négocier. Ceci permettrait une nette détente de la situation géopolitique dans le monde.

 

La situation globale nous incite donc toujours à la prudence et à la patience. La détermination de la banque centrale américaine à remonter ses taux est le facteur le plus déterminant pour les marchés et devrait peser encore plusieurs mois sur l’économie et la valorisation des actifs financiers. 

Mais l’amélioration de la situation en Chine et en Ukraine pourrait être un réel soutien pour les économies au moment où elles entreront en récession.

 

Post scriptum: Au moment où nous rédigeons ce commentaire, les Etats-Unis viennent de publier leur dernier chiffre de l’inflation. A +7,7% sur un an, c’est nettement mieux qu’attendu et cela déclenche une très vive hausse des marchés. Ce ralentissement de l’inflation pourrait anticiper ce fameux « pivot » de la Fed. 

Nous pensons que cette réaction haussière est exagérée. Les hausses de taux ne vont pas s’arrêter à court terme, et leur impact sur l’économie et le marché de l’emploi ne s’est pas encore fait sentir. De plus il y a débat sur la crédibilité de ce chiffre en raison d’ajustements techniques réalisés pour son calcul. Nous pensons donc que c’est une hausse temporaire dans un marché baissier (« bear market rally ») et qu’il ne constitue pas le point bas tant attendu.

 

Emmanuel Domange

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