Guerre en Ukraine
LE CHOC
Le 22 février, après des semaines de manœuvres à la frontière ukrainienne, les troupes russes ont pénétré dans les territoires séparatistes du Donbass. Le président américain Joe Biden, visiblement bien renseigné, n’avait cessé d’alerter sur les intentions réelles de la Russie : une invasion totale de l’Ukraine. Et il avait raison. Peu après, l’ensemble du territoire ukrainien était attaqué, plongeant ainsi l’Europe dans une nouvelle guerre. En quelques jours, d’immenses colonnes de blindés faisaient route vers Kiev et d’autres villes stratégiques, médusant le monde par des images d’une autre époque.
LA SURPRISE
Mais rien ne s’est passé comme prévu pour Vladimir Poutine.
Tout d’abord la résistance ukrainienne, héroïque. Face à une armée russe écrasante en nombre et en ressources, elle a réussi à contenir l’avancée des colonnes ennemies. Le président ukrainien V. Zelensky, lui qui n’était « que » comédien, aurait dû fuir à l’étranger. Mais non, il a choisi de rester et de fédérer la résistance de son peuple face à une guerre pourtant perdue d’avance sur le papier.
Ensuite, la réaction européenne a surpris le monde par sa vigueur et sa rapidité. Vladimir Poutine s’attendait sans doute à rencontrer une Europe tétanisée face à la perspective d’une rupture des approvisionnements en gaz et en pétrole, elle qui est déjà en prise à des inquiétudes inflationnistes. Mais ses pronostics ont été déjoué, car les dirigeants européens ont fait preuve d’une grande réactivité, mais aussi de créativité. Les sanctions financières pleuvent et elles sont puissantes. L’Europe a finalement choisi d’armer l’Ukraine et de déconnecter l’économie russe de l’économie occidentale, peu importe le coût énergétique.
LE DANGER
Mais c’est là que les choses se compliquent. Vladimir Poutine a enchainé les mauvais calculs, et son aventure ukrainienne tourne à la débâcle. Acculé, on ne voit pas très bien comment il pourrait sauver la face. Il devient donc très dangereux car il ne contrôle plus la situation. Nous pourrions donc légitiment craindre le pire.
Cependant, la chaîne de commandement montre des signes de dysfonctionnements. Les soldats russes ne veulent pas de cette guerre, sont mal équipés, mal approvisionnés et font face à une résistance ukrainienne efficace. Les actes de résistance passive sont donc déjà nombreux. De plus, Vladimir Poutine a peu de soutiens et son voisin chinois semble peu enclin à intervenir en sa faveur. Sans ce soutien chinois, Vladimir Poutine serait-il en train de chercher une porte de sortie ? C’est très possible car les récentes discussions entre l’Ukraine et la Russie font état d’avancées dans les négociations. Nous en saurons plus dans les prochains jours.
UNE NOUVELLE ERE
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Le drame en cours en Europe a transformé l’ordre économique mondial. La « mondialisation heureuse » n’est plus une option, car la réalité de la guerre a rappelé aux dirigeants occidentaux la nécessité de l’autonomie stratégique, tant sur le plan militaire que sur les plans énergétique, économique et financier.
Du point de vue de l’investisseur, la situation reste très incertaine car elle pourrait se dégrader ou au contraire se dénouer subitement. Les marchés réagissent donc au jour le jour. Mais l’ampleur des rebonds haussiers lors des bonnes nouvelles sont encourageants. Grâce au virage politique allemand, l’Europe s’est renforcée et pourrait trouver un nouvel élan économique et industriel. Tandis qu’aux Etats-Unis, assez peu touchés économiquement par cette guerre européenne, un surplus d’union politique pourrait naître de cette guerre, qui permettrait de gérer au mieux la problématique inflationniste et la remontée des taux, dont l’économie mondiale dépend.