Après un mois d’octobre difficile pour les bourses européennes (-5%), et plutôt neutre pour les actions américaines (-0,6%), les marchés se sont rapidement tournés vers l’évènement majeur de cette fin d’année : les élections présidentielles américaines. Si les investisseurs n’avaient pas de préférence notable entre les deux candidats, une certaine inquiétude subsistait quant à une contestation possible des résultats et à une transition du pouvoir délicate. C’est pour cette raison que la nette victoire de Donald Trump a été perçue comme un soulagement, occasionnant une envolée des actions (+5%) et une correction de l’or (-5%).
Cette incertitude étant écartée, et la saison des résultats touchant à sa fin, les débats portent désormais vers les mesures qui seront effectivement prises par Donald Trump pour mettre en œuvre ses promesses de campagne, et en particulier la question cruciale des droits de douanes. Car, comme à son habitude, le futur président américain ne lésine pas sur les moyens. Son scénario de départ : une taxe de 10% sur toutes les importations et de 60% sur les biens chinois. Cette “menace” substantielle est prise au sérieux par les investisseurs, car même si elle n’atteint pas la magnitude annoncée, Donald Trump a fait preuve durant son premier mandat de sa ferme volonté de les appliquer.
Cependant, comme l’analyse Christopher Dembik (économiste chez Pictet), « il sera certainement plus facile pour l’Europe de gérer l’approche transactionnelle de Trump que la politique de subventions à tout-va conduite par Biden et qui aurait été poursuivie par Harris. Car celle-ci a abouti à une désindustrialisation à grande vitesse de l’Europe, avec un coût de l’énergie outre-Atlantique quatre fois inférieur à celui de l’Europe et des aides publiques à un tel niveau qu’elles reviennent parfois à subventionner jusqu’à 100 % les emplois relocalisés dans certains secteurs d’activité. »
Ainsi, si la volatilité sur les marchés a nettement baissé à court terme, elle pourrait remonter rapidement durant la phase d’ajustement des entreprises à la nouvelle ère politique et stratégique américaine. Mais avec un impôt sur les sociétés qui pourrait tomber à 15%, et une ferme volonté du nouveau président de défendre son économie, les actions américaines devraient rester un placement sûr. Nous sommes moins optimistes pour les actions européennes mais leur valorisation raisonnable reste un atout indéniable.