Chronique d’une faillite bancaire
Le 8 mars dernier, alors que tous les regards étaient tournés vers Jerome Powell, le président de la Federal Reserve, la véritable actualité se déroulait en coulisse. La Silicon Valley Bank, 16ème banque américaine et banque incontournable des start-ups, était au bord de la faillite. Actée dès le lendemain, cette faillite a entrainé dans son sillage l’ensemble du secteur bancaire américain et plus globalement les indices boursiers.
Que s’est-il passé ?
Depuis plusieurs mois, en raison de la remontée rapide des taux d’intérêt, les introductions en bourse et les levées de fonds des start-ups américaines étaient devenues de plus en plus rares et difficiles. La Silicon Valley Bank (SVB), banque de prédilection pour ces jeunes pousses californiennes, voyait donc les dépôts de liquidités de ses clients se raréfier et petit à petit se transformer en retraits nets.
Pour faire face, la SVB devait consolider son bilan. En théorie, il lui suffisait de vendre quelques lignes obligataires. Mais le problème est que celles-ci affichaient des pertes considérables car la banque avait commis l’erreur majeure de ne pas se couvrir contre une remontée de taux. Elle s’est donc vue contrainte de faire appel aux marchés pour se recapitaliser.
C’est cet appel au marché qui a mis le feu aux poudres. Car la banque avait un point faible : une base de clientèle très concentrée sur un secteur.
Apprenant ce besoin de recapitalisation, quelques-uns de ses clients importants (des acteurs majeurs du capital investissement), préférant ne prendre aucun risque pour la trésorerie de leurs jeunes pépites, leur ont demandé de retirer immédiatement leurs fonds. Ainsi, dans la seule journée du jeudi 9 mars, c’est près de 42 milliards de dollars qui ont été retirés de la banque californienne. Cette somme, impossible à honorer dans un délai aussi court, a conduit à une crise de liquidité de la banque et à sa faillite immédiate.
S’il est impossible de savoir aujourd’hui si cet incendie s’éteindra aussi vite qu’il a démarré, il est néanmoins porteur d’une bonne nouvelle pour les marchés : une possible pause dans le cycle de hausse des taux. Car la Federal Reserve mesure aujourd’hui les dangers que comportent une hausse des taux aussi rapide. Dans les semaines à venir, les marchés se concentreront donc probablement un peu moins sur les chiffres de l’inflation, mais surveilleront comme le lait sur le feu, le moindre signe de contagion d’un défaut de la SVB dans le système bancaire.